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.Depuis plusieurs jours, Striga n avait aperçu personne qui eûtla tournure d un agent, et nul ne parlait de la surveillancefluviale si active deux ou trois cent kilomètres en amont.Il y avait donc toutes chances pour que le chaland arrivâtheureusement au terme de son voyage, c est-à-dire à la mer180 Noire, où son chargement serait transporté à bord du vapeuraccoutumé.Demain, on serait au delà de Semlin et deBelgrade.Il suffirait ensuite de longer de préférence la riveserbe pour se mettre à l abri de toute fâcheuse surprise.LaSerbie devait être, en effet, plus ou moins désorganisée par laguerre qu elle soutenait contre la Turquie et il n y avait pasapparence que les autorités riveraines perdissent leur temps às occuper d une gabarre descendant à vide le cours du fleuve.Qui sait? Ce serait peut-être le dernier voyage de Striga.Peut-être se retirerait-il au loin, après fortune faite, riche,considéré  et heureux, songeait-il, en pensant à laprisonnière enfermée dans la gabarre.Il en était là de ses réflexions quand ses yeux tombèrentsur les coffres symétriques dont les couvercles avaient silongtemps servi de couchettes à Karl Dragoch et à son hôte,et tout à coup cette pensée lui vint que, depuis huit jours qu ilétait maître de la barge, il n avait pas songé à en explorer lecontenu.Il était grand temps de réparer cet inconcevableoubli.En premier lieu, il s attaqua au coffre de tribord qu ilfractura en un tour de main.Il n y trouva que des piles delinge et de vêtements rangés en bon ordre.Striga, qui n avaitque faire de cette défroque, referma le coffre et s attaqua ausuivant.Le contenu de celui-ci n était pas fort différent duprécédent, et Striga désappointé allait y renoncer, quand ildécouvrit dans un des coins un objet plus intéressant.Si lesarticles d habillement ne pouvaient rien lui apprendre, il n enserait peut-être pas de même de ce gros portefeuille qui, selontoute vraisemblance, devait contenir des papiers.Or, les181 papiers ont beau être muets, rien n égale, dans certains cas,leur éloquence.Striga ouvrit ce portefeuille, et, conformément à sonespoir, il s en échappa de nombreux documents, dont ilentreprit le patient examen.Les quittances, les lettresdéfilèrent, toutes au nom d Ilia Brusch, puis ses yeux,agrandis par la surprise, s arrêtèrent sur le portrait qui, déjà,avait éveillé les soupçons de Karl Dragoch.D abord Striga ne comprit pas.Qu il y eût dans cettebarge des papiers au nom d Ilia Brusch, et qu il n y en eûtaucun au nom du policier, c était déjà passablement étonnant.Toutefois, l explication de cette anomalie pouvait être desplus naturelles.Peut-être Karl Dragoch, au lieu de doubler lelauréat de la Ligue Danubienne, comme Striga l avait crujusqu ici, avait-il emprunté à l amiable la personnalité dupêcheur, et peut-être, dans ce cas, avait-il conservé, d uncommun accord avec le véritable Ilia Brusch, les documentsnécessaires pour justifier au besoin de son identité.Maispourquoi ce nom de Ladko, ce nom dont, avec une habiletédiabolique, Striga signait tous ses crimes? Et que venait fairelà ce portrait d une femme, à laquelle celui-ci n avait jamaisrenoncé malgré l échec de ses précédentes tentatives? Quelétait donc le légitime propriétaire de cette barge pour avoir ensa possession un document si intime et si singulier? À quiappartenait-elle en définitive, à Karl Dragoch, à Ilia Bruschou à Serge Ladko, et lequel de ces trois hommes, dont deuxl intéressaient à un si haut point, tenait-il prisonnier en fin decompte dans le chaland? Le dernier, il proclamait, cependant,l avoir tué, le soir où, d un coup de feu, il avait abattu l undes deux hommes de ce canot qui s éloignait furtivement de182 Roustchouk.Vraiment, s il avait mal visé alors, il aimeraitencore mieux, plutôt que le policier, tenir entre ses mains lepilote, qu il ne manquerait pas une seconde fois, dans ce cas.Celui-là, il ne serait pas question de le garder comme otage.Une pierre au cou ferait l affaire, et, débarrassé ainsi d unennemi mortel, il supprimerait en même temps le principalobstacle à des projets dont il poursuivait âprement laréalisation.Impatient d être fixé, Striga, gardant par devers lui leportrait qu il venait de découvrir, saisit la godille et pressa lamarche de l embarcation.Bientôt la masse de la gabarre apparut dans la nuit.Ilaccosta rapidement, sauta sur le pont, et, se dirigeant vers lacabine faisant face à celle qu il visitait d ordinaire, introduisitla clef dans la serrure.Moins avancé que son geôlier, Serge Ladko n avait mêmepas le choix entre plusieurs explications de son aventure.Lemystère lui en paraissait toujours aussi impénétrable, et ilavait renoncé à imaginer des conjectures sur les motifs quel on pouvait avoir de le séquestrer.Quand, après un fiévreux sommeil, il s était réveillé aufond de son cachot, la première sensation qu il éprouva futcelle de la faim.Plus de vingt-quatre heures s étaient alorsécoulées depuis son dernier repas, et la nature ne perd jamaisses droits, quelle que soit la violence de nos émotions.Il patienta d abord, puis, la sensation devenant de plus enplus impérieuse, il perdit le beau calme qui l avait soutenujusque-là.Allait-on le laisser mourir d inanition? Il appela.Personne ne répondit.Il appela plus fort.Même résultat.Ils égosilla enfin en hurlements furieux, sans obtenir plus de183 succès.Exaspéré, il s efforça de briser ses liens.Mais ceux-ciétaient solides et c est en vain qu il se roula sur le parquet entendant ses muscles à les rompre.Dans un de ces mouvements convulsifs, son visage heurtaun objet déposé près de lui.Le besoin affine les sens.SergeLadko reconnut immédiatement du pain et un morceau delard qu on avait sans doute mis là pendant son sommeil.Profiter de cette attention de ses geôliers n était pas des plusfaciles, dans la situation où il se trouvait.Mais la nécessitérend industrieux, et, après plusieurs essais infructueux, ilréussit à se passer du secours de ses mains.Sa faim satisfaite, les heures coulèrent lentes etmonotones.Dans le silence, un murmure, un frissonnement,semblable à celui des feuilles agitées par une brise légère,venait frapper son oreille.Le bateau qui le portait étaitévidemment en marche et fendait, comme un coin, l eau dufleuve.Combien d heures s étaient-elles succédé, quand unetrappe fut soulevée au-dessus de lui? Suspendue au boutd une ficelle, une ration semblable à celle qu il avaitdécouverte à son premier réveil, oscilla dans l ouverturequ éclairait une lumière incertaine et vint se poser à saportée.Des heures coulèrent encore, puis la trappe s ouvrit denouveau.Un homme descendit, s approcha du corps inerte, etSerge Ladko, pour la seconde fois, sentit qu on lui recouvraitla bouche d un large bâillon.C est donc qu on avait peur deses cris et qu il passait à proximité d un secours? Sans doute,car, l homme à peine remonté, le prisonnier entendit que l on184 marchait sur le plafond de son cachot.Il voulut appeler.aucun son ne sortit de ses lèvres.Le bruit de pas cessa.Le secours devait être déjà loin, quand, peu d instantsplus tard, on revint, sans plus d explications, supprimer sonbâillon [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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