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.Soudain, il ressentit une douleur à la main gauche.Trafalgar l’avait légèrement mordu.Higgins avait sans doute dérangé le siamois en bougeant, à moins que… À moins qu’il n’ait voulu désigner le nom sur lequel le doigt de l’ex-inspecteur-chef s’était arrêté à ce moment-là !– Ce serait tout à fait extraordinaire, Trafalgar, car il faudrait que…Higgins se sentait beaucoup mieux.La lumière venait de se faire dans son esprit.Les morceaux du puzzle s’emboîtaient.Tout concordait parfaitement.Higgins s’accorda une larme deRoyal Salute.À présent, il connaissait le nom de l’assassin de Frances Mortimer.1-VoirLe procès de la momie, XO.33C’est vers onze heures du matin que Higgins, bien que fiévreux et manquant d’entrain, pénétra dans un immeuble de Haymarket, à Londres.Cette vieille rue était encombrée par des boutiques de second ordre, kiosques à souvenirs, artisanats d’un goût incertain.Higgins se demandait comment le classique Burberry’s et Fribourg and Treyer, le plus ancien marchand de tabac de la capitale, pouvaient survivre dans un tel environnement.Autant l’extérieur de l’immeuble était lépreux, autant l’intérieur était luxueux.Atmosphère feutrée, candélabres au pied de l’escalier, ascenseur ultramoderne.Les trois étages étaient occupés par l’agence Top-Model dont Higgins avait trouvé l’adresse sur la carte de visite subtilisée chez le précepteur de Frances Mortimer, dans la chambre 215 de l’hôtel Bellevue.La jugeant plutôt insolite et construisant une hypothèse sur ce qu’elle pouvait dissimuler, il était venu vérifier.Les bureaux de l’agence se trouvaient au premier étage.Higgins dédaigna l’ascenseur et emprunta l’escalier.La porte palière était rien moins que somptueuse, avec ses dorures et son décor d’angelots sculptés dans du stuc.Higgins sonna.Une charmante personne du sexe féminin lui ouvrit.La jolie demoiselle était vêtue d’un tailleur feuille d’automne qui lui allait à ravir.Elle offrit à Higgins un sourire des plus avenants.– Vous aviez rendez-vous ?– Pas exactement, mais…– Cela n’a aucune importance, cher monsieur.Je vais vous conduire au salon bleu où Mme Toppy vous aidera à étudier nos propositions.Higgins se demanda s’il ne s’était pas aventuré sur un terrain trop délicat, mais la conscience professionnelle lui interdisait de reculer tant qu’il n’aurait pas obtenu un résultat concret.Il fit donc la connaissance du salon bleu, un endroit d’un raffinement exquis, peuplé de gravures françaises duXVIIIe siècle représentant des jeunes filles alanguies dans des paysages de rêve.Mme Toppy, bourgeoise classique, était assise derrière un bureau en marqueterie.– Heureuse de vous accueillir dans notre agence, cher monsieur.Puis-je connaître vos desiderata ?Higgins préféra rester debout.S’asseoir sur une bergère Louis XV ne lui disait rien qui vaille.– C’est un peu compliqué, chère madame.Elle eut un sourire entendu, habituée aux clients difficiles.– Voudriez-vous jeter un coup d’oeil sur ce cahier ?La directrice de l’agence Top-Model ouvrit un grand classeur recouvert de cuir fauve et le proposa à Higgins.D’un doigt habile, elle en tourna les pages, laissant à son visiteur le loisir d’apprécier une succession de photographies.De superbes jeunes femmes vêtues de robes du soir posaient dans des postures assez conventionnelles.Higgins demeurait de marbre.– Vous ne trouvez rien d’intéressant ? s’inquiéta Mme Toppy.– Je suis un peu embarrassé, avoua Higgins… Comment dire…La directrice de l’agence referma le classeur, dévisageant son client par en dessous.– Vous ne seriez pas… organisateur de spectacles ou quelque chose d’approchant ? interrogea-t-elle.– C’est exactement ça, approuva Higgins avec un sourire réconfortant.Je recherche une ancienne collaboratrice très douée que j’ai perdue de vue.On m’a dit que votre agence rassemblait les meilleures actrices de Londres.Puis-je vous demander si cette dame travaille bien chez vous ?Higgins posa une photographie sur le bureau de Mme Toppy.Un visage.La directrice de l’Agence l’étudia avec soin.– Je ne crois pas, mais ça me dit quelque chose.Les spectacles que vous organisez sont plutôt… privés ?– Tout à fait, assura Higgins.Une lueur perverse anima le regard de Mme Toppy.Elle prit un troisième classeur dans le tiroir de son bureau, en tourna les pages, s’arrêta avec un air de contentement et présenta à son client la photographie d’une jeune personne tout à fait dévêtue.Allongée sur un canapé, elle ne dissimulait rien de ses charmes.– Ne serait-ce pas la… collaboratrice que vous cherchiez ? demanda Mme Toppy.– C’est bien elle, en effet.Est-elle disponible ?– Cela pourra sans doute s’arranger, cher monsieur.Si nous parlions d’abord de ma commission ?*Après un détour par une pharmacie où il devait procéder à quelques indispensables achats techniques, Higgins prit un taxi pour Scotland Yard.Quand il entra dans le bureau du superintendant Scott Marlow, ce dernier se débattait avec une pile de rapports administratifs signalant une série d’erreurs dues au circuit informatique.L’humeur de Marlow ne paraissait pas excellente.– Higgins, enfin ! Alors, qu’avez-vous découvert ?– Je vous invite au théâtre, superintendant.– Pardon ?– Il se joue actuellement à Londres une pièce que nous devons voir.J’aimerais connaître votre avis.– C’est très aimable à vous, Higgins, mais…Scott Marlow n’était pas un fanatique de la culture.Il passait la plupart de ses soirées au Yard, occupé à veiller sur la sécurité du Royaume-Uni.– Rendez-vous à dix-neuf heures au Lyric Hammersmith, King Street.Je suis certain que vous ne regretterez pas votre soirée.Résister à Higgins n’était pas facile.Scott Marlow céda.– Comment s’appelle la pièce ?– Crime et Châtiment.*Higgins et Scott Marlow étaient installés au deuxième rang.Le superintendant trouvait le siège trop dur, ne comprenait pas toujours le déroulement de la pièce et n’appréciait guère le jeu des acteurs [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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