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.On dirait toi, mon doux et tendre Peter.Et Misty demande : « Sauver ma fille de quoi ? » Misty se tourne pour le regarder droit dans les yeux et demande : « Est-ce que nous avons des nazis ici ? »Et la regardant en retour, le docteur sourit et lâche : « Bien sûr que non.» Il va jusqu’à son bureau, prend un dossier qui contient quelques feuilles de papier.Dans le dossier, il inscrit quelque chose.Il consulte le calendrier au mur au-dessus du bureau.Il consulte sa montre et écrit dans le dossier.Son écriture, la queue de chaque lettre tire vers le bas, bien en dessous de la ligne – subconscient, impulsif.Cupide, affamé, malfaisant, dirait Angel Delaporte.Le docteur Touchet fait comme ça : « Alors, vous avez changé vos petites habitudes ces temps derniers ? »Et Misty lui répond oui.Elle dessine.Pour la première fois depuis la fac, Misty dessine, elle peint un peu, surtout des aquarelles.Dans sa chambre mansardée.À ses moments de loisir.Elle a disposé son chevalet de manière à voir par la fenêtre la côte jusqu’à la pointe de Waytansea.Tous les jours elle travaille à une peinture.Un travail d’imagination.La liste des souhaits d’une fille de Blanc née pauvre entre les pauvres : de grandes demeures, des mariages à l’église, des pique-niques sur la plage.Hier Misty a travaillé jusqu’à ce qu’elle s’aperçoive qu’il faisait nuit dehors.Cinq ou six heures venaient tout simplement de partir en fumée.De s’envoler comme une buanderie disparue à Seaview.Triangulées Bermudes.Misty explique au docteur Touchet : « Ma tête me fait toujours mal, mais la douleur n’est plus aussi forte quand je peins.»Le bureau du docteur est en métal laqué, le genre de meuble en acier qu’on verrait dans la salle de travail d’un ingénieur ou d’un comptable.Le modèle avec tiroirs qui s’ouvrent sans heurts en coulissant sur des roulettes silencieuses et qui se referment en grondant avec un grand boum.Le sous-main est un feutre vert.Et sur le mur au-dessus, le calendrier, les vieux diplômes.Le docteur Touchet, avec son crâne de plus en plus chauve marqué de taches de vieillesse et quelques longs cheveux cassants peignés d’une oreille à l’autre, il pourrait être ingénieur.Avec ses épaisses lunettes rondes à monture métallique, son épaisse montre à bracelet élastique en acier, il pourrait être comptable.Il dit : « Vous êtes bien allée à l’université, n’est-ce pas ? »À la fac d’arts plastiques, répond Misty.Elle n’a pas eu son diplôme.Elle a laissé tomber.Ils ont emménagé ici quand Harrow est décédé, pour s’occuper de la mère de Peter.Ensuite Tabbi est arrivée.Et ensuite, Misty s’est endormie et elle s’est réveillée grosse, grasse et lasse, entre deux âges.Le docteur ne rit pas.Il n’y est pour rien.« Quand vous avez étudié l’histoire, demande-t-il, avez-vous traité du jaïnisme ? Du bouddhisme des jaïna ? » Pas en histoire de l’art, lui répond Misty.Il ouvre un des tiroirs de son bureau et en sort un flacon jaune plein de pilules.« Je ne le dirai jamais assez, la prévient-il.Ne laissez en aucun cas Tabbi s’en approcher, de ces cachets.» Il ouvre le flacon et en laisse tomber deux dans le creux de sa paume.Ce sont des gélules en gélatine transparente, de celles qui se séparent en deux parties quand on tire.À l’intérieur de chacune se trouve une poudre en vrac mouvante de couleur vert foncé.Le message qui s’écaillait sur le rebord de fenêtre de Tabbi : Vous mourrez quand ils en auront fini avec vous.Le docteur Touchet lui colle le flacon devant la figure et dit : « Vous n’en prenez que si vous avez mal.» Il n’y a pas d’étiquette.« Il s’agit d’un mélange d’herbes.Il devrait vous aider à vous concentrer.»Misty demande : « Est-ce qu’il est déjà arrivé que quelqu’un meure du syndrome de Stendhal ? »Et le docteur répond : « Il s’agit essentiellement d’algues vertes, un peu d’écorce de saule, un peu de pollen d’abeille.» Il remet les gélules dans le flacon qu’il referme.Il pose le flacon sur la table, près de la cuisse de Misty.« Vous pouvez continuer à boire, dit-il, mais uniquement avec modération.» Misty rétorque : « Je ne bois jamais qu’avec modération.» Et revenant à son bureau, il répond : « Si c’est vous qui le dites.»Putains de petites villes.Misty lance : « Comment est mort le père de Peter ? » Et le docteur Touchet de demander : « Qu’est-ce que vous a dit Grâce Wilmot ? »Elle n’a pas dit.Jamais elle n’en a parlé.Alors qu’ils éparpillaient les cendres, Peter a expliqué à Misty que c’était une crise cardiaque.Misty répond : « Grâce a déclaré que c’était une tumeur au cerveau.»Et le docteur Touchet de confirmer : « Oui, effectivement, c’est bien ça.» Il referme son tiroir métallique avec un grand boum.Il poursuit : « Grâce me fait savoir que vous faites preuve d’un talent très prometteur.»Pour information, juste au cas où, sache que le temps aujourd’hui est calme et ensoleillé, mais que l’air est plein de conneries.Misty veut savoir ce que sont ces bouddhistes dont il a parlé.« Les bouddhistes jaïnistes », explique-t-il.Il ôte le chemisier suspendu au dos de la porte et le lui tend.Sous chaque manche, le tissu porte des auréoles sombres, les marques de sa sueur.Le docteur Touchet s’avance au côté de Misty, il lui tient le chemisier pour qu’elle l’enfile un bras après l’autre.Il dit : « Ce que je veux dire, c’est que pour un artiste, une douleur chronique peut être un vrai cadeau.»17 juilletAlors qu’ils étaient à la fac, Peter disait toujours que tout ce que l’on fait n’est qu’un autoportrait.Ça peut ressembler à Saint Georges et le Dragon ou au Viol des Sabines, mais l’angle que l’on utilise, l’éclairage, la composition, la technique, tout cela, c’est soi.Même la raison pour laquelle on a choisi cette scène particulière, c’est soi.On est chaque couleur et chaque coup de brosse.Peter disait toujours : « La seule chose qu’un artiste est capable de faire, c’est de décrire son propre visage.»On est condamné à être soi.Ce qui, explique-t-il, nous laisse libres de dessiner n’importe quoi, dans la mesure où nous ne dessinons que nous-mêmes.Ton écriture.La manière dont tu marches.Le motif de porcelaine que tu as choisi.Tout te trahit et te dévoile.Tout ce que tu fais montre ta patte.Tout n’est qu’autoportrait [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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